EDITO

J’aime l’art vivant, mouvant, comme le théâtre ou le ballet, comme l’art plus figuratif, pictural, contemplatif, tel que la peinture : sans que cela soit la base de la création,  je crois que j’essaie de faire se rencontrer ces deux formes de « beau », en ayant toujours en tête la double interprétation esthétique que peut revêtir un vêtement : la beauté fixe que l’on peut immortaliser en le photographiant ainsi que le sublime d’un mouvement que l’on peut capturer en l’espace d’un instant.

Je n’ai convoité ni la différence à tout prix, ni l’originalité ou encore la nouveauté. Au contraire, j’ai pensé ma ligne comme le vestiaire épuré et intemporel, la matérialisation de différents savoir-faire pour offrir pureté de la coupe, perfection du tombé, mais aussi et surtout des vêtements à s’approprier. Il s’agit pour moi que le client tombe amoureux de son vêtement, il y a de belles histoires à écrire avec mes pièces, c’est peut-être alors la façon dont je les pense qui est différente. 

Par ailleurs, mes pièces sont numérotées, ce qui signifie que chaque série est limitée, (à 20 ou 30 pièces pour le moment), ce qui renforce davantage la dimension unique et personnelle, la rencontre entre le vêtement et la personne.

Je ne revendique ni ne me prévaux d’une quelconque démarche fusse-t-elle éco-responsable/friendly; je fais juste mes choix dans le respect de mes valeurs, en sincérité, et force est de constater que cela me mène à un endroit où je pourrais sans soucis porter une telle étiquette. En effet, mes créations sont réalisées entièrement en France (dans un atelier parisien), mes fournisseurs et fournitures le sont aussi (jusqu’à mes boutons fabriqués à Lyon), et mes tissus sont issus de deadstock de maison de luxe du groupe LVMH.

J’ai voulu créer des vêtements dont il soit impossible de se lasser ou de se passer, en ce qu’il ne saurait trouver son pareil en un autre, fusse-t-il nouveau ou la mode : voilà ce qu’est, pour moi, un vrai luxe. 

Dans la mesure où les pièces qui composent la ligne ont vocation à toucher une certaine forme d’intemporalité, il serait plus que contradictoire de la penser sur le mode d’une collection éphémère, relevant de l’exact opposé. 

C’est la raison pour laquelle la terminologie choisie ici, à savoir celle de “ligne” et non pas de “collection”, se veut signifiante. 

Plus que la saisonnalité, c’est la réinterprétation de mes vêtements que je souhaite offrir, à travers un choix de textile différent à chaque édition de la ligne. 

L’idée d’une dimension mixte est issue d’une volonté esthétique liée à mon imaginaire, ma sensibilité, ainsi que mon parti pris et tout ce qui le fonde sur le plan de mes représentations et de ma grammaire stylistique. 

C’est l’expression de ma conception du « beau », nourri par le « vrai » issus de détails portant dans leur ADN la réminiscence d’un mouvement, d’un mouvement de vie vrai et accompagné dans son tumulte par les volutes du vêtement qui en est témoin dynamique, en vivant avec celui qui le porte. 

C’est suggérer subtilement que la chemise que l’on porte est issue, peut-être, d’un emprunt réalisé dans une intimité naissante, ou bien encore d’un héritage porteur d’une valeur sentimentale et d’une histoire.

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